Le Requiem op.9 de Maurice Duruflé
Une prière universelle
Cette Messe des morts, l'une des plus belles œuvres de musique sacrée du XXe siècle, est à l’origine de la renommée internationale de Maurice Duruflé. On l’a souvent comparée au Requiem de Fauré, pour sa sérénité. Et de fait, les deux messes font l’économie du Dies Irae, et toute colère en est bannie. Ce n’est pas un Dieu vengeur qu’on implore, mais un être de miséricorde, capable d’arracher les défunts à l’obscurité du Tartare. Le Requiem de Duruflé se distingue néanmoins par l’originalité de son écriture (qui réussit à intégrer la métrique ancestrale du plain-chant), la ferveur de sa prière, et son étonnante puissance émotionnelle.
Comment expliquer un tel succès ? Outre le recours au plain-chant, dont Maurice Duruflé soulignait la dimension universelle, cette œuvre est sans doute perçue comme la juste expression de la condition humaine confrontée au mystère de la mort. Notons, à cet égard, l’intervention des deux solistes, sobre mais bouleversante.
Dans le Domine Jesu Christe, Duruflé a confié au baryton (la tessiture masculine la plus universelle) une prière déchirante, qui sonne comme un cri de détresse dans le silence de l’univers, et une protestation contre l’absurdité de la mort. Mais le chœur des femmes vient en apaiser la violence.
Le Pie Jesu constitue un mouvement indépendant, placé entre le Sanctus et le Lux aeterna. La mezzo-soprano, discrètement soutenue par l’orgue, adresse au ciel une supplique douloureuse, une imploration fervente et passionnée, dont l’angoisse est finalement tempérée par une humble confiance dans la parole du Christ et la croyance en la rédemption.
L’expression de cette foi est la tâche permanente du chœur, notamment des pupitres féminins (parfois confiés à des enfants). Le dernier mouvement, In Paradisum, n’est-il pas l’évocation mélodieuse et rassurante de l’éternelle félicité céleste ?
La Maîtrise Saint-Evode
La musique de Maurice Duruflé, si moderne qu'elle soit, puise sa source dans une tradition ancestrale, celle du plain-chant (parfois nommé " grégorien "), dont il fut nourri dès son enfance à la Maîtrise Saint-Evode de la cathédrale de Rouen.
Cette institution multiséculaire fut bien plus qu'une école destinée à fournir un bataillon de jeunes chanteurs pour la célébration du culte divin. Dirigée par le Maître de chapelle de la cathédrale, cet établissement de grand renom offrait à ses élèves une formation musicale (théorique, chorale, instrumentale) et une instruction générale de haut niveau. C'est au début du XXe siècle, sous la direction du chanoine Adolphe Bourdon, que la Maîtrise connut ses plus grands succès. Elle donna à la ville de Rouen d'excellents organistes, tous élèves de Jules Haëlling : Maurice Lenfant, Henri Beaucamp, Ludovic Panel… Paul Paray aurait pris place parmi eux si ses talents de pianiste-compositeur ne l'avaient pas conduit au Conservatoire de Paris, puis au Grand Prix de Rome de 1911.
Quinze ans après Paul Paray, Maurice Duruflé reçut l'enseignement du même chanoine Bourdon, compositeur prolifique, soucieux de tradition mais ouvert aux audaces de la modernité. Après Rouen, aux côtés de Charles Tournemire, il garda en mémoire son exemple.
C'est un équilibre analogue qu'on trouve encore chez Paul Villette, un maîtrisien de la dernière génération, élève de l'organiste Jules Lambert. Ses compositions, récompensées par le second Prix de Rome 1949, donnent vie à un étrange paradoxe. Proche d'Olivier Messiaen, Villette ouvre des voies nouvelles au chant choral, en le nourrissant de la forme " anachronique " du plain-chant.
Entre maîtrisiens de différentes générations, l'amitié n'est pas un vain mot. Maurice Duruflé confia à Paul Paray la première exécution publique de son Requiem (avec Colonne, le 28 décembre 1947) et lui dédia ses trois Danses pour orchestre. Et Pierre Villette reçut ses premières leçons de direction orchestrale du même Paul Paray.
Cette institution multiséculaire fut bien plus qu'une école destinée à fournir un bataillon de jeunes chanteurs pour la célébration du culte divin. Dirigée par le Maître de chapelle de la cathédrale, cet établissement de grand renom offrait à ses élèves une formation musicale (théorique, chorale, instrumentale) et une instruction générale de haut niveau. C'est au début du XXe siècle, sous la direction du chanoine Adolphe Bourdon, que la Maîtrise connut ses plus grands succès. Elle donna à la ville de Rouen d'excellents organistes, tous élèves de Jules Haëlling : Maurice Lenfant, Henri Beaucamp, Ludovic Panel… Paul Paray aurait pris place parmi eux si ses talents de pianiste-compositeur ne l'avaient pas conduit au Conservatoire de Paris, puis au Grand Prix de Rome de 1911.
Quinze ans après Paul Paray, Maurice Duruflé reçut l'enseignement du même chanoine Bourdon, compositeur prolifique, soucieux de tradition mais ouvert aux audaces de la modernité. Après Rouen, aux côtés de Charles Tournemire, il garda en mémoire son exemple.
C'est un équilibre analogue qu'on trouve encore chez Paul Villette, un maîtrisien de la dernière génération, élève de l'organiste Jules Lambert. Ses compositions, récompensées par le second Prix de Rome 1949, donnent vie à un étrange paradoxe. Proche d'Olivier Messiaen, Villette ouvre des voies nouvelles au chant choral, en le nourrissant de la forme " anachronique " du plain-chant.
Entre maîtrisiens de différentes générations, l'amitié n'est pas un vain mot. Maurice Duruflé confia à Paul Paray la première exécution publique de son Requiem (avec Colonne, le 28 décembre 1947) et lui dédia ses trois Danses pour orchestre. Et Pierre Villette reçut ses premières leçons de direction orchestrale du même Paul Paray.
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